Mais, où sont cachés les poissons

 

>< Mais, où sont cachés les poissons ><


Sur les côtes de la Bretagne, dans le village côtier de Kermorvan, une étrange disparition troublait les habitants. Les pêcheurs se rendaient compte que les filets ramenaient de moins en moins de poissons. Les quais autrefois animés par les cris joyeux des marins étaient devenus silencieux, et la mer semblait garder jalousement son trésor.


Léon, un vieux pêcheur à la barbe grisonnante, n'avait jamais vu ça. En soixante ans de vie en mer, il avait navigué à travers tempêtes et mer calme, mais jamais le grand bleu ne lui avait fait défaut. Ses petits-enfants le regardaient avec des yeux remplis d'incompréhension. Où étaient donc passés les poissons?

Marie, la tenancière de la taverne locale, et une conteuse réputée, se souvenait d'une vieille légende bretonne que sa grand-mère lui racontait. Elle disait qu'un jour où la mer serait troublée, il faudrait chercher la clé dans les légendes anciennes. Marie décida d'organiser une réunion dans sa taverne. À la lumière des lanternes, les marins, les vieilles femmes et les enfants s'étaient rassemblés sur les chaises usées pour écouter les récits oubliés.

Un soir, alors que le vent soufflait fort, les vagues frappaient la côte avec une intensité inaccoutumée. C'était comme si l'océan était en colère. L'oncle Yann, un homme taciturne et mystérieux, raconta l'histoire d'Ys, la ville engloutie. Selon la légende, Ys avait été condamné à être submergé par les eaux par la désobéissance de la princesse Dahut. Le roi Gradlon, désespéré, avait réussi à échapper à la ville condamnée sur son cheval magique, portant avec lui une clé qui donnerait accès à des trésors cachés sous la mer.

Avec cette nouvelle lueur d'espoir, Léon et quelques braves volontaires décidèrent d'explorer les environs à la recherche de cette clé mythique. Ils accostèrent sur une île déserte au large de Kermorvan, balayant chaque recoin de la plage avec leurs lanternes et se frayant un chemin à travers d'épais buissons.

Ils trouvèrent une grotte, à moitié submergée par la marée, où le murmure du vent ressemblait à une chanson ancienne. À l'intérieur, ils rencontrèrent un vieil homme mystérieux, aux yeux d'un bleu intense rappelant les profondeurs de l'océan. Il se faisait appeler Morvan, et personne ne savait combien de temps il vivait là.

Morvan expliqua que la mer avait caché ses poissons pour protéger ses trésors. Selon lui, Dahut était encore vivante, emprisonnée sous l'eau, et gardait férocement ses richesses. Mais, en reconnaissant la quête noble de Léon et des villageois, elle pourrait peut-être opter pour la clémence.

Morvan donna à Léon un coquillage magnifique d'abalone qui résonnait d'un chant ancien et lui expliqua que pour convaincre Dahut de libérer les poissons, ils devraient prouver leur respect et amour pour la mer. De retour à Kermorvan, Léon et les habitants tinrent une grande cérémonie, nettoyant le rivage, rendant hommage à l'océan et chantant l'antique chant défié de génération en génération.

Au petit matin, les marins remontèrent leurs filets, qui se trouvaient, à leur grande joie, débordants de poissons. La mer avait accepté leur offrande et libéré ses richesses. Les quais redevinrent animés, les rires d’enfants mêlés aux cris des goélands.

Et les habitants de Kermorvan n'oublièrent jamais cette étrange période. Chaque année, ils organisaient une fête en mémoire de Dahut et la clé de Morvan, pour rappeler à tous que l'océan, dans sa profondeur mystérieuse, pouvait rendre autant qu'il pouvait prendre, si on le respectait avec amour.


Auteur: Dominik Gibier

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